àDiane de Man
Aimer et sentir que sa vie nâaurait aucun sens sans lâautre. Le penser. Et puis tout au fond soupçonner que ce nâest pas le cas.
Avoir raison.
Vouloir lâautre tout pour soi. Apprendre àle partager.
Prendre plaisir àvoir son oiseau du paradis sâenvoler, avec toujours au coeur une pointe dâinquiétude. Sâémerveiller àchaque fois quâil nous revient, àchaque fois quâil nous choisit.
Avoir honte de ses propres travers, longtemps travailler àles dissimuler àtout prix sinon il / elle disparaîtra. Ou nous, avalés par la honte ou noyés dans le Styx.
Découvrir ànotre plus grand étonnement quâun autre peut nous aimer non malgré mais avec ces travers. Pour autant que nous montrions lâexemple.
Vouloir tout donner àlâautre. Sâentendre dire quâil nâa besoin de rien. Sentir sauter les sutures dâune vieille plaie. Souffrir et vouloir disparaître.
Il nâa pas besoin de moi? Suis-je donc inutile, indigne, pas àla hauteur?
Penser àCyrano, ¨Câest bien plus beau lorsque câest inutile !¨.
Se mettre ànu. Entendre chacune de nos fibres protester, se raidir, nous hurler de reculer faute de mourir egorgé. Persister. Constater quâau lieu de crocs câest lâaile dâune colombe qui nous effleure.
Se montrer vulnérable et finir terrassé, en lambeaux. Longtemps penser ne jamais pouvoir se relever.
Un jour se remettre debout et continuer sa route.
Vouloir être tout pour lâautre, accepter que si lâon est déjàsoi, juste soi, câest déjàbeaucoup.
Sâengueuler, exploser, déborder. Lui en vouloir, sâen vouloir, avoir lâimpression dâavoir failli.
Et puis réaliser quâune relation est aussi cela: les engueulades, les manqués, les ratés, les pardonnés.
Vouloir lui faire plaisir. Y arriver. Ãchouer. Ne pas se formaliser.
Apprendre àarrondir certains de ses angles. Au bénéfice de lâautre, mais bel et bien pour soi.
Main dans la main, côte àcôte apprendre àdevenir une meilleure version de soi. Pas comme condition, dû ou nécessité mais comme une conséquence.
Envoyer ballader cela un instant parce que lâentièreté, la passion àen étouffer câest parfois tellement bon.
Oser dire ¨Jâai envie de toi¨, oser dire ¨Je nâai pas envie de toi¨.
Apprendre àse lâentendre dire.
Se sentir humilié, poignardé puis comprendre que si lâautre sait nous dire non, il sait aussi nous dire de vrais oui.
Boire une coupette de champagne pour célébrer cette découverte inattendue et réjouissante.
Comprendre juste assez dâhistoire et de géographie pour voir la différence entre un jumelage et une annexation.
Apprendre àdire et àentendre «tu mâas fait mal» et «pardon de te blesser mais je ne peux pas aller au-delà».
Sâattrister dâêtre imparfaits, incomplets, insuffisants. Constater que nous sommes tricotés ainsi.
Essayer, échouer, en baver, subir, se sentir floué.
Apprendre àsentir, àexprimer ce dont on a besoin, ce qui nous fait du bien.
En vouloir àlâautre de ne pas répondre àtoutes nos attentes, ànos désirs inexprimés et puis soupirer dâaise àla réalisation que câest pour le coup que le contraire est aussi vrai.
Aimer, se laisser aimer sans assurance, sans réassurance.Â
Lui faire un jus de fruits pressés.
Manger des sushis avec elle parce quâelle en raffole, et nous aussi.
Lui acheter une toupie.
Laisser notre coeur fleurir de tout le bien que cela leur fait, et ànous donc.
Entendre que câest aussi ces petits riens, ces petites attentions quâils aiment en nous.
En sourire parce que cela nous semble si banal.
Déborder dâamour avec lâimpression que son cÅur pourrait imploser.
Avoir envie de lancer lâautre contre un mur.
Accepter que cela peut être et lâun et lâautre.
Se déculpabiliser.
Travailler àse sentir digne. Se dire que la seule chose dont on ne sera jamais àla hauteur sont nos propres attentes de nous-même.
Renvoyer promptement et sans hésitation toute pensée, commentaire et quiconque nous chuchotterait, sous-entendrait ou nous ferait sentir quâon ne lâest effectivement pas, digne.
Imparfaits, toujours. Indignes, jamais.
Refuser la routine, lâennui, lâimpression dâacquis. Prendre pour armes les ¨bonjour¨, les ¨bonne nuit¨, les plats de sushi, les jus de fruits pressé, les toupies et tout autre artillerie blanche àdisposition. En abuser.
Sâennuyer ensemble. Rire. Apprendre àdire ¨Jâai besoin dâêtre seul/e¨.
Avoir du plaisir sans lâautre et lâaimer quand même.
Aimer lâautre et àavoir du plaisir sans lui/elle.
Se faire du bien. Avec et sans lâautre.
Voir dâautres passer, se demander comment serait une soirée, une nuit, une vie avec eux et laisser cela ànotre imaginaire.
Voir dâautres passer, se demander comment serait une soirée, une nuit, une vie avec eux et ne pas laisser cela ànotre imaginaire.
Explorer parce câest juste et bon pour nous.
Laisser les gricheux, les frustrés, les fâcheux et leurs commentaires outrés couler. Sâen amuser.
Qui suis-je pour attendre quâon me valide? Qui sont-ils pour savoir ce qui est bon pour moi?
Ãcouter ¨Sweet Escape¨ de Gwen Stefani.
Tomber, faillir, se relever àcôté dâune autre, regretter.
Se pardonner et travailler àcomprendre, àfaire mieux. Pour soi et dans son lien àlâautre.
Ãcouter ¨Rien nâest si bon¨ de Stephan Eicher.
Voir lâautre souffrir, désirer engloutir sa peine et anéantir ce qui le blesse. à défaut rester làles bras ballants.
Se sentir inutile sans jamais être àmême de percevoir la portée de notre simple présence. Accepter que cela, comme tant de chose, nous échappe.
Ne pas être assez. Ne pas se rendre compte àquel point on est assez, plus, pas assez, tout cela en même temps.
Faire un effort, une concession, un compromis, pas pour préparer de la munition àresservir plus tard sur un plateau gelé fatal, pas parce quâon se sent obligé mais parce que cela nous fait si plaisir de lui faire plaisir.
Parler de lâautre àdâautres une pointe de fierté dans la voix. Constater que personne ne peut comprendre, pas même nous peut-être.
Sentir que lâautre est là, dans notre équipe et quâon est dans la sienne. Et que du coup on est prêt àse lancer dans nâimporte quel sport, dans nâimporte quelle ligue.
Ãcouter ¨La petite monnaie¨ de Bénabar.
Ne pas prendre lâautre pour une bequille, un réceptacle de ses humeurs, la source de ses malheurs, la condition sine qua non de son bonheur.
Ne se considérer comme responsable dâaucunes de ces choses dans la vie de lâautre.
Apprendre àprendre soin de soi, de lâautre, de la relation.
Observer que ce nâest jamais aussi propre et simple en vrai que sur le papier.
Ecouter ¨Lovely day¨ de Billy Withers.
Faire bien faire, faire mal, faire mieux, faire de son mieux.
Se plaire, rire, sâexaspérer, danser, sâengueuler et avancer ensemble, main dans la main et pas àpas dans la bruine.
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Aime-moi plus. Aime-moi mieux. Aime-moi moins. Aime-moi autrement.
Aime-moi et montre-moi. Montre-leur !
Aime-moi plus quâeux. Aime-moi plus quâavant. Aime-moi plus que toi. Surtout, ne mâaime pas moins que moi.
Aime-moi plus fort que tout, plus fort que tous, envers et contre tout. Aime-moi àmâétouffer. Aime-moi àen crever.
Aime-moi comme je suis. Aime-moi avec mes failles. Aime-moi malgré elles. Aime-moi avec et sans limites. Aime-moi àdevenir fou, aime-moi àme rendre folle.
Prouve-le-moi. Prouve-le-moi⦠Prouve-le-moi !
Attache-toi. Attache-moi. Aime-moi toujours. Promets-le-moi.
Aime-moi parce que câest moi. Différente. Comme tu le veux. Comme tu en rêvais.
Aime-moi parce que je tâaime. Aime-moi parce que je sais ce que tu veux, ce que tu cherches. Aime-moi parce que je lâincarne si parfaitement si souvent.
Aime-moi librement. Ne mâattache pas.
Aime-moi maladroitement.
Aime-moi parce que je suis comme toi, perdu dans lâunivers, humain, nu, vulnérable. Pas parce que je tâaime. Pas parce que tu dois mâaimer. Pas parce que sans moi tu étouffes. Pas parce quâon sâest toujours aimé. Pas parce que lâon sâaimera toujours.
Aime-moi parce que je suis ici avec toi, pas parce que je suis comme ci ou comme ça.Â
Aime-moi parce que je suis autre, ne serai jamais exactement ce que tu attends. Jamais exactement ce que tu espères. Parfois plus, parfois moins, parfois pas, souvent complètement ailleurs. Toujours Autre.
Aime-moi parce que je te surprends, pas parce que je tâaime. Parce que les silences entre nous tapissent nos vies dâun écrin douillet et réchauffent les cÅurs. Aime-moi parce que je ne te demande rien et parce que si souvent jây échoue.
Aime-moi parce que je suis humaine et toi aussi. Parce que je suis vivante et toi aussi. Aime-moi pour toute mon humanité, si faillible et si souvent limitée.
Aime-moi parce que les nuages se dissipent autrement quand je te tiens la main.
Aime-moi en silence, sans grands élans et sans preuve. Aime-moi juste assez. Aime-moi sans mesure. Aime-les eux aussi. Moi, eux, toi, nous tous.
Aime-moi discrètement, le regard aiguisé dans la pénombre des coulisses de nos quotidiens. Aime-moi sans me le dire. En me le montrant. En échouant àme le montrer.Â
Laisse-moi tâaimer moi aussi, doucement, discrètement, avec persistance. Fort, passionnément, déraisonnablement, sans comparaisons ni besoin dâen faire. Sans conclusion. Juste tâaimer.
Nâinsiste pas àme souligner tes failles, elles font partie de toi, de nous. Laisse-moi tâaimer avec elle, sans malgré, sans avoir rien àpardonner.
Aime-moi sans rien vouloir, aime-moi sans exiger.
Aime-moi ainsi, juste ainsi, gratuitement, dans mon humanité naïve, imparfaite, irraisonnable, déraisonnée, irrationnelle, désespérément inconstante.
Aime-moi sans raison.
Aime-moi parce que nous sommes deux, et bien plus. Aime-moi parce que nous sommes si semblables et si différents.
Aime-moi parce que je te fascine, tâeffraie, te menace et tâapaise.
Aime-moi parce quâil est tard dans lâaube de ta vie. Aime-moi parce quâil nâest pas trop tard pour accepter les questionnements, le manque de réponses, le non-sens.
Aime-moi parce que câest peut-être tout ce quâil y a àfaire dans cet océan dâabsurde et de ruines en construction.
Aime-moi parce que certains ne verront que trop tard que câétait une belle option.
Aime-moi parce que ça te rapproche, me rapproche, nous rapproche du ciel, des étoiles, et des astres. De Nous aussi.
Aime-moi parce que câest cela qui tâélève, mâélève et nous élève dans Notre Humanité.
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