Michel-Ange, incarné sur une scène de théâtre, décliner la demande du pape Jules II de peindre les fresques de la Chapelle Sixtine. Michel-Ange était sculpteur, pas peintre.
Des touristes déambuler, yeux rivés sur leur téléphone.
Des romains déambuler, yeux rivés sur leur téléphone.
Des touristes perdus.
Des romains perdus.
Des romains exaspérés de tous ces touristes, perdus ou non, qui envahissent leur ville.
Des serveurs en surnombre qui sâennuyaient.
Un homme balayant des feuilles avant de les ramasser et de les emmener. Des passants lâignorer avec autant de diligence que lui menait àbien son initiative personnelle.
Un autre jouer de la trompette dans le parc Borghese sans public, accompagné dâun orchestre de jazz de la taille dâun CD.
Des autochtones qui buvaient lâeau àmême les fontaines de la ville.
Des touristes boire de lâeau en bouteilles achetées àquelques mètres des fontaines.
Lâoriginal du buste du Belvédère, exposé en pièce maîtresse et très seul, ignoré des visiteurs qui arpentaient le musée du Vatican de bon matin.
Une guide expliquer quâil nây avait aucun signalement pour la Domus Aurea pour éviter de trop nombreux visiteurs.
Une femme faisant son jogging, sac Chanel matelassé et surpiqué en bandoulière.
Un jeune homme, précédemment soliste àlâOrchestre Philarmonique de Salzburg, jouer Rockabye de Cleanbandit au violon sur une place bondée, auréolé dâune foule admirative.
Des touristes boire lâeau des fontaines de la ville.
Des toiles gigantesques de Matisse trôner dans leur salle éponyme pendant que les visiteurs passaient tout droit dans la salle suivante, sans un regard.
Un groupe descendre en rappel du haut du Colisée.
Une file de 2h dissoute le temps dâune marguerite.
Des gens émerveillés.
Des gens blasés.
Le Colisée â légèrement afaissé depuis ma dernière visite â regorger de monde.
Une dame expliquer àson voisin la source de cet affaissement: le surnombre de visiteurs autorisés en même temps dans le monument pendant de nombreuses années.
Des passants prendre en photo des acteurs de rue dont le chapeau restait désespérément vide.
Une foule de gens prendre un selfie avec La Pietà de Michel-Ange et rester postés là, admirant leur portrait sans jamais lever les yeux sur lâoeuvre tridimensionnelle.
Une chapelet de clients de Zeroseicongressi déambuler librement dans la Basilique Saint-Pierre pendant que des touristes, parqués derrière des cordelettes, les prenaient en photo.
Une armée de guides sur le pied de guerre de bon matin.
Une armée de guides pris dâassaut de bon matin.
Une armée de guides sur le pied de guerre, pris dâassaut et infiniment las de bon matin.
Une publicité pour une montre qui promettait dâoffrir àses possesseurs le true time.
Une copie du buste du belvédère cernée dâadmirateurs et recouverte de petites croix marquées au crayon par la multitude dâartistes qui sâen sont inspirés àtravers les années.
Une historienne de lâart qui offrait àqui voulait bien la suivre une myriade de dimensions et dâimages le temps dâune visite guidée àla Villa Médici.
Des perruches multicolores, le plus grand fléau de ladite villa car elles en mangeaient les murs, murs sur lesquelles elles étaient maintenant immortalisées.
Une fontaine assèchée.
Une dame en pantoufles nourrir les pigeons.
Un homme laver ses chaussettes dans une fontaine dâeau potable.
Un prêtre en ray ban.
Une jeune femme avec les cheveux teints en gris argenté.
Un homme en bonnet de laine écouter de la musique classique qui sâenvolait hors de son casque.
Et puis les fresques lumineuses de la Chapelle Sixtine dont sâélançait majestueusement une troisième dimension, parce quâaprès avoir dit non, Michel-Ange a dit oui.
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Je ne regarde pas les nouvelles, ne lis pas les journaux, nâai aucun ami sur Facebook, pas de compte Twitter, Instagram ou Snapchat.
Je nâai pas la télévision, ne regarde pas la météo.
La plupart des gens, quand ils apprennent comment je vis, me regarde comme une bête curieuse, comme sâil manquait forcément quelque chose àma culture, àma personne. Une forme dâintelligence, dâintérêt, dâempathie, dâancrage dans la vie:
Je ne sais donc pas ce qui se passe dans le monde?!
Je ne mâintéresse pas àce que vivent mes amis et connaissance?!
Comme câest curieux!
Ce quâils ne savent pas, câest que du haut de toute mon ignorance sollicitée, je les regarde avec autant de curiositéâ¦
*
Chaque jour me faire dire ce qui se passe autour de moi, ce qui est important, ce qui devrait mâinquiéter, me réjouir, me désoler? Non, merci.
Faire confiance àquelquâun ou une institution, pour démêler àma place le ¨vrai¨ du ¨faux¨, le ¨bien¨ du ¨mal¨? Laisser mes perceptions et mon jugement en pâture àqui veut bien en disposer? Non, merci.
Entrer dans la danse du bien-mal-vrai-faux-laid-beau-triste-lemondevamal? Des push plutôt que des pull? Non, merci.
Me culpabiliser tout en me donnant bonne conscience? Parce que des gens souffrent une catastrophe naturelle, survivent, meurent, nâont rien àmanger, sont victimes dâune guerre et dâatrocités mais quâau moins, je mâintéresse et ai une pensée pour eux. Non, merci.
Baisser les armes, prendre ce que lâon me montre, me donne, ce qui se dit, se fait, se pense ou non pour argent comptant? Non, merci.
Mettre aux antipodes ¨faire comme tout le monde¨ et ¨se couper du monde¨? Non, merci.
Oublier, àtravers la routine et les habitudes, quâàchaque instant jâai un choix et une responsabilité; quâàchaque instant je dois décider de mon ¨quoi¨ et de mon ¨pourquoi¨? Non, merci
Chercher les réponses sur des écrans, oublier de lever le nez au ciel? Non, merci.
Craindre dâavoir lâair dâune ignorante, de ne pas être capable de tenir une conversation parce quâune conversation devrait signifier palabrer des autres et des news au travers de ce que nous en disent les médias, Facebook ou Twitter? Non, merci.
Penser mes liens et relations en termes de qui partage et a accès àquel contenu, qui a liké, repartagé, ce qui a buzzé? Non, merci.
Passer àcôté dâun apprentissage nécessaire dans ce monde cacophonique: celui de sélectionner, de trier, de questionner, de choisir, de manquer, de passer àcôté, de me tromper, de ne pas savoir? Non merci.
Me moquer lorsque câest facile? Ãtre dâaccord quand câest dans lâair du temps? Non, merci.
Espérer que qui je suis, ce qui me fait vibrer ou me sape le moral me soit un jour présenté au 20h? Laisser les canaux extérieurs brouiller ma réception déjàténue de mon monde intérieur? Non, merci.
*
Mais demander àquelquâun comment elle va et la regarder dans les yeux comme elle me répond.
Affiner mon regard et mon sens de lâécoute. Apprendre àentendre et voir ce que lâon ne me montre pas du doigt.
Explorer chaque jour comment je peux faire mieux, aider le monde àmon échelle, être une meilleure version de moi, apprendre àfaire des choix.
Choisir quels contenus je veux offrir àmon cerveau pour le stimuler et soutenir son développement.
Me pousser àaiguiser ma curiosité, àmâinstruire ¨au détour de¨. Dâun terme entendu dans la rue, dâune affiche, dâune référence attrapée au vol, dâun son, dâun sourire, dâun regard.
Me renseigner sur quelque chose que jâobserve, sans chercher àsavoir si câest tendance, si dâautres en parlent, si cela est digne dâattention.
Me responsabiliser àchaque instant. Me souvenir quâil y a autant de façons de faire les choses que de gens sur cette terre, tant que chacun de nous se souvient quâil peut et doit choisir et décider.
Constater des années plus tard que Diams ou Mc Solaar se sont retirés de la scène. Sourire de mon retard et de mon ignorance. Me demander finalement ce quâest lâignorance. Ãtre heureuse de ne pas avoir été prise dans la tempête du jugement, saluer leur courage et le retour de MC Solaar qui coincide, selon mon échelle temporelle, avec le début de son absence.
Découvrir Orelsan des années lumières après tout le monde par une suite de complets hasards, me délecter de certains textes sans être parasitée par le avant, le après, le peut-être, le sûrement pas, le devrait ou pas.
Déduire les tendances parce que je les observe dans la rue.
Savoir quâil pleut parce que je sens les gouttes glisser sur ma peau.
Me faire regarder comme une bête curieuse et me donner un high five Ã moi-même, parce que si avoir lâair dâune bête anachronique inepte peut planter un questionnement alentour, ma journée nâa pas été perdue.
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Choisir lâart câest se lever, se coucher et être debout dans le doute. Câest chaque jour se demander pourquoi, se demander comment, se demander pourquoi pas.
Choisir lâart câest accepter de ne pouvoir répondre avec certitude àaucune de ces questions et de les laisser vivre leur vie ànos côtés, parce que câest làquâelles doivent être.
Choisir lâart câest apprendre la patience, la résilience et le lâcher prise. Parce que câest long, toujours plus que ce que lâon pensait. Parce que câest tortueux, jamais dans les endroits où on lâattendait. Parce que les échelles et les repères sont bouleversés, renversés, chamboulés.
Choisir lâart câest accepter de sâattacher au processus et de lâcher prise sur le résultat, tout en ayant une certaine idée de ce dernier. Parce que si câest de lâart, on ne le fait pas pour le résultat.
Choisir lâart câest accueillir et célébrer ce résultat quel quâil soit. Câest lâaimer parce quâon sait ce quâon y a mis. Parce quâon reconnaît y avoir placé son soi le plus intime, injecté autant dâamour et de soin que lâon a pu en récolter. Choisir lâart câest accepter que câest tout ce que lâon peut, et que câest déjàpas mal.
Choisir lâart câest apprendre àse choyer. Câest comprendre que puiser au fond de soi chaque jour ne peut se faire quâau prix de bons soins prodigués ànotre puits dâor. Câest apprendre àsâécouter, àse tenir la main, àse panser, àse pousser sans se brusquer, àsâencourager chaque jour.
Choisir lâart câest apprendre la différence entre ne pas vouloir se lancer, doucement se prendre par la main et y aller quand-même et ne pas vouloir se lancer, entendre ce ¨NON¨ qui se crie au plus profont de nous et lui laisser le temps.
Choisir lâart câest tenter de sortir du tourbillon dans lequel on est invité àtoute heure.
Choisir lâart câest sâentendre dire que lâon fait nâimporte quoi, parfois y croire. Et se demander. Toujours se demander. Est-ce que câest bien? Est-ce que câest juste? Est-ce que câest vrai? Est-ce que câest moi?
Choisir lâart câest apprendre àvoir onduler toutes ces questions sans sâémouvoir, sans vouloir àtout prix entrer dans la danse, et les laisser virevolter autour de soi. Parce que tant quâelles dansent et virevoltent ànos côté, câest bien de lâart.
Choisir lâart câest se sentir différent, parfois hors du temps, souvent hors du coup, toujours hors du groupe. Parce que si lâart vient du plus profond de soi, on doit accepter de sâéloigner un peu, de lâcher ces mains et ces présences si rassurantes. Le groupe peut nous porter jusquâàun point, puis câest ànotre tour, sans filet, sans foule, sans témoins.
Choisir lâart câest accepter de regarder nos blessures, nos doutes, nos questions, nos limites, notre humanité dans le blanc des yeux et délicatement les prendre pour en faire quelque chose.
Choisir lâart câest sâexposer aux critiques, aux questionnements et aux doutes des autres. Câest devoir apprendre àse construire une carapace sur lâextérieur, juste de la bonne épaisseur.
Choisir lâart câest apprendre àdiscerner les critiques qui nous feront avancer de celles qui sont vides de tout.
Quâest-ce qui est bien? Quâest-ce qui est mal? Qui sur cette terre peut se targuer dâavoir ces réponses?
Choisir lâart câest apprendre àdiscerner les gens qui nous font avancer, ceux qui ànos côtés avancent de ceux qui sâattachent ànos basques pour que nous les emmenions en poids mort dans notre sillage, nâimporte où pouvru que ce soit bien loin dâeux.
Choisir lâart ne dépend pas de la discipline choisie. Ce nâest pas une question de littérature, de musique, de chanson, de dessin, de sport, de cuisine, de peinture⦠Câest une question de positionnement, de flamme, de choix. Câest chaque jour se présenter généreusement, sans compter, que ce soit pour poser des mots sur le papier, chercher une cure contre le cancer, sâoccuper dâun enfant, faire monter sa mélodie dans lâair du temps, servir des repas chauds, dépeindre ce que lâon voit sur une toile ou construire des châteaux de sable sur la plage.
Choisir lâart câest se choisir et choisir lâautre. Parce que si jâapprends àexister dans mon humanité, dans ma vulnérabilité, dans mes difficultés, dans mon unicité, je me rattache àce qui nous lie. Et que câest par ces liens que tout devient possible.
Choisir lâart câest écouter cette petite voix nous souffler notre vérité. Même quand cela ne nous arrange pas. Surtout quand cela ne nous arrange pas.
Choisir lâart câest accepter dâentrer dans une autre échelle temporelle et matérielle. Une au croisement des ¨je veux¨ et du ¨jâécoute¨.
Choisir lâart câest accepter quâil y a dâautres forces, dâautres sources autour de soi, qui parfois semblent nous aider et parfois semblent se liguer pour nous empêcher. Et câest reconnaître quâelles ne font ni lâun ni lâautre, et lâun et lâautre.
Choisir lâart câest choisir la vie dans tout ce quâelle a de désordonné, mystérieux, renversant, déroutant, touchant, agaçant, attristant, réjouissant et précieux.
Choisir lâart câest être debout dans le doute, lumineux dans les questionnements, ancré dans la vie. Choisir lâart câest choisir la Vie.
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Câest tendre lâoreille et faire silence pour espérer entendre bruisser les mots alentours. Câest se mettre àson clavier et suer chacun dâeux. Câest se faire surprendre par un jet froid de mots qui débarquent inopinément, en puissance max, se raidir, les considérer dâun air indigné puis se jeter sur son clavier, les attraper au vol, savourer la douche revigorante et en redemander sans que jamais cela ne revienne.
Câest éclater de rire en se relisant, pensant que franchement non il nây a pas moyen. Et publier quand-meme.
Câest se relire la larme àlâÅil, se retourner subrepticement pour sâassurer que personne nous a vus, se donner une petite tape sur lâépaule.
Câest se relire en se disant que jamais au grand jamais on ne serait capable de réécrire ce texte tout en reconnaissant quâil est imparfaitement tissé en purs fils de soi.
Choisir dâécrire câest se faire cueillir au sol par nos personnages et partir en école buissonnière avec eux. Câest explorer des endroits interdits et cachés, écarquiller les yeux, ne pas croire ce quâon voit.
Et câest se retrouver plus bas que terre après avoir plané avec nos protagonistes, le poids de tous ces mots sur les reins.
Câest se dire quâon ne pourra pas le finir, ce truc quâon a commencé. Et dâailleurs mais franchement, quâest-ce qui nous a pris de lâentreprendre, sérieux?!
Câest chaque jour y revenir, en faisant confiance au processus, même quand ça paraît compromis.
Câest un jour le terminer, ce projet, avec tout ce que cela nous offre de légereté ancrée et de pesanteur éthérée.
Câest fermer son cahier et recommencer autre chose.
Choisir dâécrire câest vibrer pour ses personnages, les encourager. Avoir envie de les empaler, de les gommer mais ne pas le faire, de peur quâils ne reviennent, de nuit dans un texte qui nâa rien àvoir, façon Barracuda de lâAgence tous Risques avec un couteau de survie entre les dents, des menottes et une cravache pour nous forcer àécrire .
Câest se rouler dans une piscine de lapins angoras dont les poils sont en musique parlée, lâherbe chatoyante dont ils se repaissent des sensations fraîchement cueillies.
Câest être perturbé par ses textes, leur demander dâoù ils sortent. Devoir parfois les mettre àpied pour souffler après quâils nous ont décroché deux uppercut et un coup de pied en revers, en souriant et sans crier gare.
Câest se dire que ça nous est égal, ces étoiles sur les sites de revue et retourner les compter quand-même.
Câest penser que chaque texte est tout et quâil nâest rien. Tout y mettre et ne rien y mettre.
Et puis choisir dâécrire, ¨câest déjàmettre du noir sur du blanc¨ (S. Mallarmé), chaque jour, parce que câest ce qui nous fait vibrer, ce qui nous fait du bien, ce qui nous rend plus nous, ce qui nous donne un sens.
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Source:Â Greenmoxie.com
Posted on  by Nikki Fotheringham
Hunter S. Thompson is most widely known as the crazed author of Fear and Loathing in Las Vegas, but he was also a profound and poignant writer with a brilliant mind. He was that rare and precious species; a true original. And while his brilliance drove him mad, it left behind these traces of luminescence which make us all richer. This is a letter a 22-year-old Thompson wrote to a friend looking for advice.
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April 22, 1958
57 Perry Street
New York City
Dear Hume,
You ask advice: ah, what a very human and very dangerous thing to do! For to give advice to a man who asks what to do with his life implies something very close to egomania. To presume to point a man to the right and ultimate goal â to point with a trembling finger in the RIGHT direction is something only a fool would take upon himself.
I am not a fool, but I respect your sincerity in asking my advice. I ask you though, in listening to what I say, to remember that all advice can only be a product of the man who gives it. What is truth to one may be disaster to another. I do not see life through your eyes, nor you through mine. If I were to attempt to give you specific advice, it would be too much like the blind leading the blind.
âTo be, or not to be: that is the question: Whether âtis nobler in the mind to suffer the slings and arrows of outrageous fortune, or to take arms against a sea of troubles ⦠â (Shakespeare)
And indeed, that IS the question: whether to float with the tide, or to swim for a goal. It is a choice we must all make consciously or unconsciously at one time in our lives. So few people understand this! Think of any decision youâve ever made which had a bearing on your future: I may be wrong, but I donât see how it could have been anything but a choice however indirect â between the two things Iâve mentioned: the floating or the swimming.
But why not float if you have no goal? That is another question. It is unquestionably better to enjoy the floating than to swim in uncertainty. So how does a man find a goal? Not a castle in the stars, but a real and tangible thing. How can a man be sure heâs not after the âbig rock candy mountain,â the enticing sugar-candy goal that has little taste and no substance?
The answer â and, in a sense, the tragedy of life â is that we seek to understand the goal and not the man. We set up a goal which demands of us certain things: and we do these things. We adjust to the demands of a concept which CANNOT be valid. When you were young, let us say that you wanted to be a fireman. I feel reasonably safe in saying that you no longer want to be a fireman. Why? Because your perspective has changed. Itâs not the fireman who has changed, but you. Every man is the sum total of his reactions to experience. As your experiences differ and multiply, you become a different man, and hence your perspective changes. This goes on and on. Every reaction is a learning process; every significant experience alters your perspective.
So it would seem foolish, would it not, to adjust our lives to the demands of a goal we see from a different angle every day? How could we ever hope to accomplish anything other than galloping neurosis?
The answer, then, must not deal with goals at all, or not with tangible goals, anyway. It would take reams of paper to develop this subject to fulfillment. God only knows how many books have been written on âthe meaning of manâ and that sort of thing, and god only knows how many people have pondered the subject. (I use the term âgod only knowsâ purely as an expression.) Thereâs very little sense in my trying to give it up to you in the proverbial nutshell, because Iâm the first to admit my absolute lack of qualifications for reducing the meaning of life to one or two paragraphs.
Iâm going to steer clear of the word âexistentialism,â but you might keep it in mind as a key of sorts. You might also try something called âBeing and Nothingnessâ by Jean-Paul Sartre, and another little thing called âExistentialism: From Dostoyevsky to Sartre.â These are merely suggestions. If youâre genuinely satisfied with what you are and what youâre doing, then give those books a wide berth. (Let sleeping dogs lie.) But back to the answer. As I said, to put our faith in tangible goals would seem to be, at best, unwise. So we do not strive to be firemen, we do not strive to be bankers, nor policemen, nor doctors. WE STRIVE TO BE OURSELVES.
But donât misunderstand me. I donât mean that we canât BE firemen, bankers, or doctors â but that we must make the goal conform to the individual, rather than make the individual conform to the goal. In every man, heredity and environment have combined to produce a creature of certain abilities and desires â including a deeply ingrained need to function in such a way that his life will be MEANINGFUL. A man has to BE something; he has to matter.
As I see it then, the formula runs something like this: a man must choose a path which will let his ABILITIES function at maximum efficiency toward the gratification of his DESIRES. In doing this, he is fulfilling a need (giving himself identity by functioning in a set pattern toward a set goal), he avoids frustrating his potential (choosing a path which puts no limit on his self-development), and he avoids the terror of seeing his goal wilt or lose its charm as he draws closer to it (rather than bending himself to meet the demands of that which he seeks, he has bent his goal to conform to his own abilities and desires).
In short, he has not dedicated his life to reaching a pre-defined goal, but he has rather chosen a way of life he KNOWS he will enjoy. The goal is absolutely secondary: it is the functioning toward the goal which is important. And it seems almost ridiculous to say that a man MUST function in a pattern of his own choosing; for to let another man define your own goals is to give up one of the most meaningful aspects of life â the definitive act of will which makes a man an individual.
Letâs assume that you think you have a choice of eight paths to follow (all pre-defined paths, of course). And letâs assume that you canât see any real purpose in any of the eight. THEN â and here is the essence of all Iâve said â you MUST FIND A NINTH PATH.
Naturally, it isnât as easy as it sounds. Youâve lived a relatively narrow life, a vertical rather than a horizontal existence. So it isnât any too difficult to understand why you seem to feel the way you do. But a man who procrastinates in his CHOOSING will inevitably have his choice made for him by circumstance.
So if you now number yourself among the disenchanted, then you have no choice but to accept things as they are, or to seriously seek something else. But beware of looking for goals: look for a way of life. Decide how you want to live and then see what you can do to make a living WITHIN that way of life. But you say, âI donât know where to look; I donât know what to look for.â
And thereâs the crux. Is it worth giving up what I have to look for something better? I donât know â is it? Who can make that decision but you? But even by DECIDING TO LOOK, you go a long way toward making the choice.
If I donât call this to a halt, Iâm going to find myself writing a book. I hope itâs not as confusing as it looks at first glance. Keep in mind, of course, that this is MY WAY of looking at things. I happen to think that itâs pretty generally applicable, but you may not. Each of us has to create our own credo â this merely happens to be mine.
If any part of it doesnât seem to make sense, by all means call it to my attention. Iâm not trying to send you out âon the roadâ in search of Valhalla, but merely pointing out that it is not necessary to accept the choices handed down to you by life as you know it. There is more to it than that â no one HAS to do something he doesnât want to do for the rest of his life. But then again, if thatâs what you wind up doing, by all means convince yourself that you HAD to do it. Youâll have lots of company.
And thatâs it for now. Until I hear from you again, I remain,
your friend,
Hunter